Depuis des lustres, de grandes festivités sont organisées chaque été à Palerme en l’honneur de Santa Rosalia, vénérée dans la ville pour l’avoir sauvée de la peste. Ces fêtes baroques – qui mêlent sacré et profane - connaissent un éclat particulier durant les années 1990. Après une ère sombre, dominée par la mafia et marquée par l’assassinat des juges Falcone et Borsellino, Palerme connaît un intense renouveau culturel sous l’impulsion de son ex-maire Leoluca Orlando. La conception des processions dédiées à Santa Rosalia est alors confiée à des metteurs en scène prestigieux, Robert Wilson ou Jan Fabre par exemple, Isabelle Huppert jouant à l’occasion le rôle de la sainte. Cette époque est révolue aujourd’hui, anéantie par l’arrivée d’une nouvelle nomenklatura.

Pour le Belluard, Gianni Gebbia imagine Rosae e Lylium, tentative d’exportation d’une sainte, un spectacle musical et visuel inspiré des contradictions et des espérances (déçues) de la capitale sicilienne. Gebbia réunit une superbe brochette d’artistes autour de Santa Rosalia. Les musiciens présents ce soir comptent parmi les plus prestigieux interprètes de la scène d’improvisation sicilienne : entre autres les fondateurs du groupe Terra Arsa, une formation qui s’est distinguée sur le plan international grâce à
l’extraordinaire vocalité de Miriam Palma. Rosae e Lylium fait également intervenir un vidéaste, un conteur, un récitant. A la fin du spectacle, la soirée se prolonge par une fête, emmenée aux instruments par La Banda di Palermo – fanfare folko-punko-surréaliste - et aux fourneaux par Miriam Palma et Francesca Giannettino qui concoctent pour l’occasion quelques-uns des plats typiques de la Santa Rosalia.