«Les Têtes Brûlées» effectue cet été leur première tournée hors d'Afrique. Du 18 juin au 18 juillet, ils vont silloner la France et la Suisse. (Concert à Le Locle le 1.7.88) 

Venus de Yaoundé, connus puis reconnus dès 1987, ils ne cessent de gagner du terrain, vont produire un disque prochainement et ont attiré l'attention et la passion de Claire Denis, cinéaste auteur de «Chocolat» qui représentait la France à Cannes. Cette dernière va en effet réaliser un film de 52 minutes sur leur tournée. Frank Tenaille dans le numéro d'avril 1988 de «Afrique Elite» retrace l'histoire du «bikutsi» leur musique:
«La Structure du bikutsi - au départ, une danse de femmes qui frappent le sol avec leurs pieds - codifiés par le balafon et le tam-tam, son tempo, son «beat», ses pulsations, -nous offre un passeport musical d'une extraordinaire richesse. 

Quand «Les Têtes Brûlées» tricotent leurs cordes de façon hypnotique, quand ils jouent des épaules, du cou, du tronc, quand ils captivent aussi bien les mères que les mômes dont ils sont les idoles, il faut y voir certes beaucoup de travail collectif et de talents individuels, mais aussi le retour en force d'un refoulé. Une mémoire culturelle mariée à une énergie juvénile qui est celle des jeunes africains des cités difficiles, exprimant un besoin d'ouverture vers ce monde qu'ils ont dans les tympans (de Bob Marley là Prince en passant par Halliday ou Kassav, récemment de passage au Cameroun) et un «comeback» vers leurs aînés. 

«Les Têtes Brûlées», c'est ce qui se fait de plus novateur au Cameroun depuis longtemps. C'est aussi, pour peu que les génies du métier lui prêtent assistance, une formation grosse de promesses, à condition qu'elle préserve jalousement son unité et son authenticité. C'est enfin l'amorce d'une expression musicale qui peut aller loin à l'instar d'autres (cf. Johnny Clegg et son umbaganga, Youssou N'Dour et son m'balax, Toure Kunda et leur djambadjong...) En l'occurrence, le bikutsi rénové remonte à des temps fort reculés».