La COMPAGNIE MURIEL BADER c'est quatre femmes vivant et travaillant à Zürich, quatre tempéraments différents, mais avant tout, quatre danseuses qui ne se noyent pas dans de belles images, mais qui s'engagent avec leur art et prennent position dans la société. À une époque où l'avenir s'annonce de plus en plus sombre, où nos utopies se recouvrent d'une patine censée nous protéger, mais qui en fait nous étouffe, à une époque où nous mettons tous nos espoirs dans le mécanisme de destruction le plus inoffensif et le plus radical qui soit, on peut s'étonner que l'humanité emploie toute son énergie au développement de systèmes de sécurité et de protection. L'individu se retire dans ses quatre murs, fait taire ses inquiétudes ou ses doutes et croit finalement être bien. 

Il est de plus en plus tenté de s'approprier les systèmes de valeur les plus triviaux lui donnant l'illusion de sécurite. La patrie est à nouveau un bien coté, non plus une palette de toutes les couleurs où l'on cherche les nuances désirées, mais un carton à souliers avec deux trous d'aération. «Agnès se réjouit» joue dans un espace clos. Cet espace défini par un certain nombre de radiateurs servant de décor, mais aussi d'accessoires, d’«outils de danse». Un radiateur dégage de la chaleur ou alors il reste froid, simple grillage métallique. II est source de bien-être ou simplement là, dans l'espace qu'il occupe. 

Dans «Agnès se réjouit», le radiateur illustre par une image les sentiments patriotiques les plus variés. II est indicateur et détecteur de mensonges.
Le radiateur: un corps creux qui dégage de la chaleur.